Nutrition

Antioxydants : la face cachée des compléments censés nous protéger

Vous les consommez quotidiennement, persuadé qu’ils constituent la clé de votre santé et de votre vitalité. Les antioxydants, ces molécules miracles qui capturent les radicaux libres et ralentissent le vieillissement cellulaire, sont aujourd’hui au cœur de toutes les attentions. Compléments, superaliments, jus détox… L’offre ne cesse de s’étendre pour répondre à la demande toujours plus forte des consommateurs en quête de jeunesse éternelle.

Mais que se passerait-il si je vous disais que ces précieux antioxydants que vous accumulez pourraient en réalité mettre votre santé en péril ? Loin d’être la panacée tant vantée, les dernières études scientifiques remettent sérieusement en cause leur efficacité, voire leur innocuité.

Des espoirs déçus par la science

Il y a 30 ans, la découverte du rôle des radicaux libres dans le vieillissement cellulaire et les maladies chroniques avait suscité un immense espoir. En neutralisant ces molécules instables avec des antioxydants, on pensait avoir trouvé la solution pour prévenir, voire guérir, un grand nombre de pathologies.

C’est ainsi que de nombreuses études ont été lancées, testant l’effet de supplémentations en vitamines C, E, bêta-carotène et autres composés vantés pour leurs vertus antioxydantes. Mais les résultats ont été pour le moins décevants.

Le paradoxe des fortes doses d’antioxydants

Pire encore, les chercheurs ont fait une découverte pour le moins stupéfiante : non seulement les antioxydants n’empêchent pas le vieillissement, mais à fortes doses, ils semblent augmenter les risques de cancers et de mortalité !

Comment expliquer ce paradoxe étonnant ? Tout est une question de dose et d’équilibre, comme l’expliquent les scientifiques les plus réputés du domaine. Alors que de faibles apports en antioxydants peuvent être bénéfiques, des supplémentations trop importantes viennent court-circuiter les mécanismes naturels de défense de l’organisme.,

Loin d’être uniquement préjudiciables, les radicaux libres jouent en réalité un rôle essentiel dans notre corps. En petites quantités, ils agissent comme des messagers indispensables à de nombreux processus biologiques favorables à la santé.

Le stress oxydant, ce mal pour un bien

Prenons l’exemple de l’exercice physique. Lorsque vous vous entraînez de manière intense, votre dépense énergétique augmente considérablement, générant par la même occasion une avalanche de radicaux libres. Un véritable stress oxydant qui serait même considéré comme une « maladie professionnelle » chez les grands sportifs.

Pourtant, de nombreuses études l’attestent : faire du sport régulièrement diminue de manière significative les risques de cancer et de mortalité prématurée. Paradoxal n’est-ce pas ? C’est que ce stress oxydant contrôlé déclenche en réalité des mécanismes d’adaptation au sein de l’organisme, stimulant la production d’antioxydants naturels et renforçant nos défenses.

Un peu de « poison » pour se renforcer

Ce phénomène n’est pas unique au sport. Les biopesticides présents naturellement dans les fruits et légumes, comme la nicotine ou les isothiocyanates, jouent un rôle similaire. Bien que légèrement toxiques, ces composés sont reconnus comme tels par notre organisme, qui met alors en place des processus de désintoxication activant de nombreux gènes favorables à la santé.

Un peu de poison vous rend plus fort, comme le disait si bien le médecin Paracelse au XVIe siècle. C’est d’ailleurs ce mécanisme qui expliquerait les habitudes de vie étonnantes de certains peuples connus pour leur longévité exceptionnelle, comme la doyenne Jeanne Calment qui fumait régulièrement des cigarillos.

L’équation antioxydante à trouver

Trop d’antioxydants exogènes freinent ces phénomènes d’adaptation en neutralisant les radicaux libres avant même qu’ils n’aient pu jouer leur rôle de messagers. C’est ce qui explique les effets contre-productifs des supplémentations trop importantes en vitamines C, E ou autres molécules antioxydantes.

La clé réside donc dans le dosage pour trouver la bonne équation antioxydante. Des apports trop faibles ne suffisent pas à la neutralisation des excès de radicaux libres. Mais des apports trop importants entravent les mécanismes d’adaptation naturels de l’organisme.,

Distinguer le bon grain de l’ivraie antioxydant

Au-delà de la notion de dose, tous les antioxydants ne se valent pas. Certains semblent même aller à l’encontre des mécanismes d’adaptation de l’organisme, quelles que soient les quantités ingérées. C’est le cas notamment du resvératrol, cette molécule vedette du vin rouge qui annule purement et simplement les bénéfices de l’exercice physique selon plusieurs études.

À l’inverse, d’autres antioxydants comme le glutathion, la méthionine, la glycine ou la coenzyme Q10 présents naturellement dans certains aliments comme les œufs, le bœuf ou les épinards, permettraient de potentialiser les effets bénéfiques du stress oxydant contrôlé.

Le bon antioxydant, au bon moment

Parce que oui, l’équation idéale ne se résume pas uniquement à la dose. Le timing compte tout autant que la quantité. Ainsi, une supplémentation en antioxydants pourrait s’avérer judicieuse dans certaines circonstances où le stress oxydant est particulièrement élevé, comme :

  • Avant une intervention chirurgicale
  • En cas d’infection importante
  • Dans le cadre de certaines maladies inflammatoires
  • Pour accompagner un traitement anticancéreux

Mais dans ces situations exceptionnelles, encore faut-il choisir les bonnes molécules antioxydantes, aux bons dosages, sous la supervision d’un professionnel de santé qualifié. Le lycopène par exemple, cet antioxydant naturellement présent dans les tomates, semble prometteur dans la prévention de certains cancers.

La stratégie antioxydante gagnante

Pour l’immense majorité d’entre nous en bonne santé, la meilleure stratégie antioxydante reste simple : misez sur une alimentation riche en fruits et légumes de toutes les couleurs. Une sage recommandation qui vous apportera les précieux micronutriments antioxydants dont vous avez besoin, aux dosages adéquats fournis par la nature elle-même.

Complétez avec quelques superaliments particulièrement concentrés comme les baies de goji, le cacao cru ou les épices comme le curcuma. Et n’ayez pas peur d’induire un stress oxydant léger de manière régulière via l’exercice physique ou même certaines habitudes comme le jeûne intermittent. Un excellent moyen de stimuler vos défenses naturelles sur le long terme.,

La voie de la sagesse anti-âge

En définitive, les antioxydants de synthèse ne sont pas la panacée tant vantée pour lutter contre le vieillissement. Pire, à trop forte dose, ils pourraient même s’avérer néfastes en court-circuitant nos mécanismes de défense naturels. La clé réside dans un apport mesuré, au bon moment et en privilégiant les bonnes molécules.

Car oui, un peu de stress oxydant contrôlé est en réalité bénéfique pour stimuler nos capacités antioxydantes internes et ainsi renforcer notre organisme dans la durée. Une approche qui tranche radicalement avec la vision moderne d’une supplémentation à outrance pour être en permanence « protégé ».

Modération et équilibre, maîtres mots d’une longue vie

Comme le dit si bien l’adage, « la dose fait le poison ». Trop d’une bonne chose peut parfois devenir néfaste. C’est d’ailleurs ce qui expliquerait les mystères de certaines populations réputées pour leur longévité exceptionnelle, à l’image des Okinawais au Japon ou des habitants de l’île grecque d’Icaria.

Au-delà d’une alimentation riche en antioxydants naturels, leur mode de vie sobre et équilibré intègre savamment des éléments que nous considérerions comme des « poisons » modérés : un peu de vin, un peu de tabac, quelques aliments gras ou sucrés consommés avec parcimonie.

Autant de stimuli hormetiques (du grec « hormesis » signifiant « exciter, stimuler ») qui, en petites doses, déclenchent des réponses d’adaptation favorables à la longévité.

Le pouvoir insoupçonné du jeûne contrôlé

Parmi ces pratiques vertueuses figure également le jeûne intermittent, une habitude ancestrale qui, selon de récentes études, activerait de puissants mécanismes de défense antioxydants à même de prévenir les maladies liées au vieillissement.

Sans aller jusqu’au jeûne prolongé, l’alternance de périodes de restriction calorique suivies de périodes de réalimentation « normale » semble suffisante pour stimuler ces processus d’autophagie cellulaire. Nos cellules se nourrissent alors d’elles-mêmes, éliminant les composants défectueux et boostant leur production d’antioxydants endogènes.

Ainsi, plutôt que de se focaliser uniquement sur les antioxydants exogènes, l’avenir serait peut-être de chercher à optimiser nos propres défenses par des stimuli contrôlés. Une approche globale et durable de la longévité, bien loin des supplémentations à outrance qui semblaient jusqu’ici la solution miracle.

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