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Migraines et mal de tête

Qui n’a jamais eu « mal à la tête » ? Ce symptôme banal disparaît souvent spontanément (ou avec un antalgique simple) et donne rarement lieu à des consultations. Ailleurs, la migraine entraîne un handicap total (mais réversible) suffisant pour être une cause de réforme à l’armée ou donner lieu à un arrêt de travail « obligatoire ». Le rapport entre le sommeil et la migraine est bien souvent mieux compris par les malades eux même que par leur médecin. Le rapport entre la migraine et le « stress » (les « événements de vie) donne trop souvent lieu à des théories psychologiques « ad hoc » qui tournent le dos aux notions de chronobiologie qui seules (selon notre expérience) permettent d’envisager une véritable guérison à long terme.

Lésion cérébrale ou maladie psychosomatique ? La tension artérielle ou le stress ? Et si c’était simplement un dérèglement les horloges du sommeil ?

Remarque préliminaire : Hormis les très rares causes de céphalées directement liées à une hypertension artérielle « maligne » (au cours de la grossesse p.e.) ou à une malformation vasculaire du cerveau, la migraine n’est jamais due à une hypertension artérielle. Par contre, de très nombreux migraineux « voient » monter leur tension lors d’une crise douloureuse (ce qui est une réaction normale à la douleur). Il devient dès lors très difficile pour le malade et son entourage de faire la part des choses…

En pratique, selon nous, la personne migraineuse qui fait le lien entre son rythme de sommeil et ses migraines fait un grand pas vers la guérison.

Le stress, la fatigue ou la sieste ?

En règle générale, le malade n’a ( pas conscience de sa fatigue. Il pense que sa crise est une sorte de réaction « normale » à un contexte de surmenage ou d’événements de vie difficiles. En l’absence de cause organique, on se contente de poser le diagnostic de « migraine simple » et l’attention se porte uniquement sur le traitement de ce « mal du siècle » (On note que les médicaments de la migraine font l’objet d’un marketing très puissant). Il est plus rapide de prescrire un « anti-migraineux » que de réfléchir à la cause. Devant la mise en échec de ces traitements, certains malades en arrivent même à cesser de consulter pour souffrir en silence alors que d’autres s’engagent vers la piste (parfois obsessionnelle) du régime (p.e. sans gluten …) qui leur donne l’illusion de contrôler leurs crises.

Dans le cadre du « syndrome d’hyposommeil », la migraine s’inscrit dans un continuum clinique allant de la simple sensation d’ankylose ou de raideur des muscles de la nuque, en passant par la céphalée de tension, et jusqu’au véritable état de « mal migraineux » que voient parfois les neurologues ou les urgentistes hospitaliers. Ce contexte d’urgence ressentie donne particulièrement lieu à des conflits entre le malade qui se sent « mourir » et le médecin compétent qui essaye de limiter le recours aux examens complémentaires inutiles ou dangereux (Ponction lombaire ou scanner en urgence intempestifs). Certains malades procéduriers ou obsessionnels renouvellent sans fin les avis médicaux et vont même jusqu’à considérer qu’il sont « mal soignés » si l’on ne cède pas à leur demande.

Cas clinique

Mr D. est médecin généraliste et assure la continuité des soins 24h/24. Depuis des années, il ne peut assurer ses consultations lorsqu’il lui arrive une crise de migraine. Il est alors obligé de se coucher et d’attendre que le médicament agisse. En général, la crise commence dès le réveil. Habituellement il est prévenu la veille au soir par les symptômes annonciateurs que l’on nomme « l’aura de la crise ». Chez lui cela se manifeste par une sensation électrique dans la nuque et des mouches visuelles. Quel que soit le médicament qu’il prend, la douleur insupportable qui lui traverse le crâne ne passe que lorsqu’il arrive enfin à dormir. Sa famille et ses patients sont alors prévenus de ne le déranger sous aucun prétexte. Pour autant, il se méfie des rares siestes ou grasses matinées trop longues qu’il lui arrive de devoir faire car le remède est souvent pire que le mal et le réveil est marqué par des crises incompréhensibles.

Discussion

Le sujet migraineux est toujours extrêmement volontaire et résiste longtemps au surmenage mais comme nul n’est inépuisable, cette résistance l’amène régulièrement jusqu’au seuil de déclenchement de la crise. Comme tous les symptômes d’hyposommeil, la migraine à valeur de signal d’alarme et ne passe que lorsque le sujet s’acquitte de ses dettes de sommeil.

La crise n’intervient que chez les sujets résistants et suffisamment « sourds » à la fatigue et tout se passe comme si le cerveau gagnait contre la volonté. L’aura est à considérer selon nous comme une manifestation neuro-dystonique de l’organisme épuisé au stade de décompensation des capacités de résistance. Tous les sujets fatigués ne déclencheront pas de migraine mais tous les migraineux sont fatigués et utilisent toutes leurs forces pour résister.

Le caractère souvent familial de la migraine s’explique par le fait que le sommeil est génétiquement programmé. L’équilibre chronobiologique des « Balanciers du sommeil » est, chez certains sujets, plus instable que chez d’autres (et ce, indépendamment du niveau d’intensité du « stress »). Cette susceptibilité individuelle se traduit par une réaction neurodystonique en cas d’insuffisance qualitative (ou quantitative) du sommeil.

Rappelons ici que la migraine fait partie du tableau clinique observé chez les travailleurs de nuit inadaptés au sommeil diurne. Seule une approche somnologique (chronobiologique) de la migraine et, parfois, l’utilisation ponctuelle d’un somnifère (de préférence avant le déclenchement de la crise), pourrait, selon nous, contribuer à en contrôler l’apparition…

Des mauvais dormeurs qui s’ignorent ?

Pourtant, dans notre expérience, alors que tous les malades admettent qu’ils étaient épuisés et que la crise ne passe qu’en dormant, bien peu comprennent le rôle du sommeil dans la genèse des crises. Cela provient, selon nous, du fait qu’il existe souvent une hypersomnie compensatoire à l’approche de la crise et que le sujet pense, au contraire, beaucoup dormir. Il faut de plus souligner le rôle délétère des « petits tranquillisants » que le sujet consomme « pour se calmer » lorsqu’il est en situation de devoir résister à un évènement somnotoxique (cf.), et qui contribue à masquer le trouble du sommeil sous-jacent à la migraine. Rappelons ici que les benzodiazépine (et leurs équivalents plus modernes) sont considérées par les spécialistes comme des anti-sommeil puisque aucun de ces produits n’améliore effectivement la qualité du sommeil.

La migraine chez l’enfant s’apparente à une « crise de foie »

« La majorité des enfants migraineux font l’objet de diagnostics éronnés. » Encore plus que chez l’adulte, les troubles digestifs prédominent Comme chez l’adulte, la crise survient dans un contexte d’irrégularité des horloges du sommeil (weekend prolongé par exemple).

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