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Hygiène sociale : L’hypertension, un bourreau du coeur


Comme promis dans l’article intitulé « Hygiène sociale : les bourreaux du cœur », l’Association pour la promotion de l’hygiène au Burkina Faso (APHBF) aborde aujourd’hui l’un des bourreaux du cœur, l’hypertension artérielle. Nous profitons pour remercier les quotidiens qui ont bien voulu publier notre écrit et tous ceux qui, de vive voix ou par téléphone, ont marqué leur intérêt pour le sujet.

Ceci dit, nous nous demandons, comme toujours, ce que nous pouvons bien dire de plus que ce que d’éminents spécialistes ont déjà dit. Mais un proverbe de chez nous ne dit-il pas : « Augmenter le nombre de cadeaux, ce n’est pas multiplier le nombre de gifles. » Ce faisant, rappelons-nous notre leçon de chose sur le cœur et, plus largement, le système cardiovasculaire.

1 – Un système cardiovasculaire ? Alors, c’est quoi ?

Simple muscle creux, de la grosseur du poing, pesant 250 à 300 grammes, le cœur est une pompe musclée capable de propulser, au repos, plus de 7 000 litres de sang par jour. Ce débit peut être multiplié par 2,3, voire 4, au moment d’un effort physique important (course à pied).

Pompe puissante et endurante, le cœur fabrique sa propre énergie électrique et assure lui-même son alimentation en oxygène. Il est divisé en quatre cavités : les oreillettes, droite et gauche, qui reçoivent le sang des veines, et les ventricules, droit et gauche, qui envoient le sang dans les artères. Un jeu de valves entre oreillettes et ventricules et entre ventricules et artères assure l’écoulement à sens unique du sang qui circule dans des canalisations appelées artères, veines et capillaires.

Ces différents éléments constituent l’appareil circulatoire ou système cardiovasculaire, dont la fonction est d’assurer la distribution aux organes de l’oxygène et des matières nutritives, indispensables à leur vie, ainsi que l’élimination de leurs déchets. Ainsi, partant du cœur les artères conduisent le sang propulsé par la pompe cardiaque, riche en oxygène et en nutriments, vers les organes. Les capillaires, vaisseaux fins comme des cheveux, leur assurent la distribution et se chargent, en échange, de leurs déchets.

Les veines ramènent le sang pauvre en oxygène et riche en gaz carbonique vers ou dans le cœur qui l’éjecte dans les poumons où il se décharge (se purifie) du gaz carbonique et se recharge d’oxygène. Puis il revient au cœur pour entamer un nouveau cycle. Ainsi, tout ce qui peut perturber la bonne circulation du sang à l’intérieur des artères compromet l’alimentation, de nos tissus. Ce sont, entres autres, l’hypertension, le cholestérol, le tabac, les accidents vasculaires cérébraux (AVC), le diabète, etc.

2 – Et l’hypertension, qu’est-ce que c’est ?

La tension artérielle (TA) ou pression artérielle (PA) est entretenue par le cœur. Elle est le reflet de la pression du sang dans les artères. Le médecin la mesure à l’occasion de ses consultations. Cette mesure s’exprime en deux éléments : 12/7,5 ou 120/75, par exemple. Le premier élément, le plus élevé (12), correspond à la pression du sang lorsque le cœur se contracte et se vide : c’est la pression maximale ou systolique (PS), et le second élément, le plus bas (7,5), correspond à la pression du sang lorsque le cœur se relâche et se remplit : c’est la pression minimale ou diastolique (PD).

La différence entre les deux est la pression pulsée (PP), dont l’importance est connue depuis peu. L’hypertension artérielle (HTA) correspond à une pression élevée du sang dans les artères. Suivant les critères de l’OMS, c’est à partir de 16/9,5 ou 160/95, c’est-à-dire 16 pour la PS, 9,5 pour PD et 6 pour la PP que l’on est hypertendu.

3 – Mais qu’est-ce qui provoque l’hypertension ?

Si, dans environ 5% des cas, une cause précise est reconnue (rénale, hormonale ou médicamenteuse) et justifie un traitement spécifique, le vrai problème, ce sont les 95% de cas dans lesquels interviennent plusieurs facteurs. Et quels sont donc ces facteurs favorisants ou facteurs de risques ? On peut citer :

-  notre héritage héréditaire : en effet, l’hérédité est le seul facteur nettement démontré (membres d’une même famille hypertendus) ;

-  nous sommes anxieux, nerveux, stressés, nous fumons et dormons mal ;

-  l’association tabac pilule : risques aggravés ; en effet, des études scientifiques ont prouvé que cette association accroissait le risque d’hypertension ;

-  nous consommons des aliments trop riches : en sucre, en graisses animales et surtout en sel : pain, beurre, pâtisseries, charcuteries, viandes grillées, conserves, fromages, boissons gazeuses ; etc. » ;

-  nous sommes trop sédentaires ;

-  nous avons plus de 50 ans ;

-  nous sommes enceintes ; faisons surveiller notre tension car l’hypertension est une maladie sérieuse pour la femme enceinte et son enfant ;

-  le sexe : jusqu’à la ménopause, les femmes sont protégées mais après, le risque devient le même pour les deux sexes. Chacun des facteurs n’est pas déterminant, mais leur association constitue une menace d’hypertension.

4 – Comment se manifeste l’hypertension ?

L’hypertension a-t-elle des signes précurseurs ou annonciateurs ? Non ! Le plus souvent l’hypertension évolue sans symptôme ou signe annonciateur. En effet, à ses stades premiers, elle ne se signale par aucun signe. Et bon nombre de ceux qui en sont atteints ne ressentent rien jusqu’au moment où la crise (crise cardiaque ou rupture d’un vaisseau sanguin dans le cerveau) les frappe. D’où son nom de tueur silencieux.

Seuls des examens systématiques à l’école, sur les lieux de travail ou au cours d’une maladie permettent de dépister des chiffres tensionnels trop élevés avant qu’apparaissent certains signes de gravité (hypertension méconnue ou traitement négligé) : essoufflement anormal surtout après l’effort, douleur dans la poitrine à l’effort, maux de tête matinaux localisés à l’arrière de la tête, vertiges, bourdonnements d’oreille, mouches volantes, besoin fréquent d’uriner la nuit, troubles de la vue… Mais ces symptômes sont inconstants et variables d’un sujet à un autre.

5 – Quels sont les autres critères de l’hypertension ?

C’est seulement au constat d’une tension maximale constamment supérieure à 16 (ou 160) et une tension minimale constamment supérieure à 9,5 (ou 95) après plusieurs vérifications au repos et au cours de plusieurs consultations que l’on affirmera l’hypertension. Mais des correctifs sont à apporter en fonction de l’âge. En effet, nous savons que la tension augmente avec l’âge de façon normale ou physiologique : on a 55/35 à la naissance ; 70/50 à 3 ans ; 80/60 à 5 ans ; 120/75 à 12 ans ; 130/85 entre 20 et 50 ans ; 150/90 entre 50 et 70 ans ; etc. Il faut aussi savoir que : l’effort, la fatigue et l’émotion peuvent élever passagèrement la maxima (à 18 par exemple).

La tension augmente avec l’âge, du fait de l’athérosclérose si fréquente : 15 ou 16 de maxima au-delà de 50 ans, sont des chiffres normaux. Nous savons également que ces chiffres varient suivant les individus (âge, tempérament) ; chez le même individu (selon qu’il est couché, débout, fatigué, s’il fait un effort physique, s’il est calme, détendu, sous l’effet d’un chagrin, d’une colère, d’anxiété ou s’il fume).

Mais la minima supérieure ou égale à 10 est la base la plus fidèle du diagnostic d’hypertension. En effet, le niveau de la pression diastolique ou minimale détermine la gravité : 9 à 10, l’hypertension est dite légère ; 10 à 11,5, modérée et au dessus de 11,5, elle est dite sévère. Comme nous le constatons, la mesure de la tension artérielle est un acte médical et seul le médecin est habilité à faire l’analyse correcte de la lecture des chiffres. D’autant plus que l’hypertension peut être permanente, mais aussi paroxystique ou non permanente, c’est-à-dire sous forme de crises ou d’accès aigus, sans que cela corresponde obligatoirement à une maladie.

6 -Qui peut être victime de l’hypertension ?

A priori, tout le monde, jeunes comme adultes, femmes comme hommes (ces derniers sont quand même les plus touchés), des pays industrialisés comme des pays en développement. Le plus inquiétant, selon l’OMS, est que le groupe le plus exposé est celui de la classe moyenne prospère dont l’importance est encore limitée mais qui ne cesse d’augmenter. Les membres de cette catégorie sociale que sont les cadres supérieurs, les professions libérales et de plus en plus les cadres moyens, sont malheureusement les victimes potentielles de crises cardiaques et d’accident vasculaires cérébraux (AVC), conséquences de l’hypertension.

Pire encore, la plupart de ces victimes ont moins de 65 ans, donc des morts prématurées et des pertes énormes pour le développement économique de ces pays. Toujours selon l’OMS, l’hypertension est aussi répandue dans les pays industrialisés que dans le reste du monde, et provoque 20 à 40% des maladies cardiovasculaires.

7 – Quelles sont les conséquences de l’hypertension ?

L’hypertension est une menace grave pour nos organes vitaux que sont le cœur, les artères, les reins, le cerveau et même les yeux. Comment ? Eh bien, comme ceci, elle :

-  favorise le dépôt de graisses sur et dans la paroi des artères (athérosclérose) notamment des artères coronaires (qu’irriguent le cœur), provoquant à plus ou moins long terme une angine de poitrine ou un infarctus du myocarde ;

-  oblige la pompe cardiaque, soumise à la résistance des artères (rétrécies à cause de graisses) à une surcharge de travail, la fatigue prématurément et provoque sa défaillance et c’est l’insuffisance cardiaque (maladie redoutable) ;

-  favorise l’obstruction des artères rénales (athérosclérose) qui provoque la destruction progressive des reins et, à terme, l’élevation de l’urée sanguine (résidu des protéines animales) et c’est l’insuffisance rénale (maladie redoutable) ;

-  favorise le dépôt des graisses et l’obstruction des artères cérébrales et provoque la destruction progressive des cellules nerveuses du cerveau, aux conséquences graves : paralysie ou hémiplégie, perte de la parole, baisse intellectuelle, démence et parfois mort subite ;

-  favorise une rétinopathie hypertension par modifications du calibre des artères rétiniennes et l’élévation de la pression de l’artère centrale de la rétine. Ce processus peut aboutir à des signes de décompensation comme : un œdème rétinien, des plaques hémorragiques ou thromboses artérielles ou veineuses avec baisse de l’acuité visuelle, d’où la vision floue.

En effet, ces organes sont sensibles et supportent mal cette pression artérielle élevée.

8 – Comment lutter contre l’hypertension ?

En agissant sur les facteurs favorisants :

a) par la prévention : adoptons une hygiène de vie saine :

-  en évitant les excès alimentaires par une alimentation variée et équilibrée qui privilégie les aliments d’origine végétale, les légumes et fruits, la viande blanche, les poissons et viandes maigres, le lait écrémé au lieu du lait entier, du pain moins salé et plus riche en fibres, les huiles végétales liquides ; en buvant régulièrement de l’eau, soit 1,5 l par jour au moins ; en renonçant au tabac ; en réduisant notre poids ; en faisant régulièrement un des sports d’entretien (natation, vélo ou la marche qui est préférable). En se rappelant toujours que le plus important dans l’exercice physique n’est pas l’intensité mais la régularité, 7 kilomètres trois fois par semaine ou une heure de marche sportive par jour à son rythme ; en mangeant moins gras, moins sucré et surtout peu salé ; en ayant un sommeil suffisant.

b) Par le dépistage précoce : faisons mesurer périodiquement notre tension artérielle : dès le plus jeune âge ; même sans signe apparent ; au moins une fois par an après 30 ans ; en consultant notre médecin traitant en cas de signes suivants (essoufflement anormal, maux de tête matinaux, mouches volantes, bourdonnement d’oreilles…) qui s’aggravent très rapidement en l’absence de soins ; en contrôlant notre taux de cholestérol.

c) Par le traitement et un suivi régulier : ce traitement qui doit être entrepris le plus tôt possible dès l’apparition des premiers symptômes et la confirmation de l’hypertension, a pour but de normaIiser notre tension (pression) artérielle au repos et à l’effort ; de corriger les erreurs diététiques par un dosage du sel en fonction de l’état de gravité ; de permettre d’éliminer les facteurs de risques (stress, excès de poids, tabac, alcool, sédentarité). C’est un traitement à vie que nous ne devons en aucun cas modifier ou arrêter de nous-même, d’où l’impératif d’un suivi régulier.

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