Le tétanos est une infection due à la bactérie Clostridium tetani, de la même famille que les microbes qui provoquent la gangrène et le botulisme. Dans le monde entier, il constitue toujours un sérieux problème de santé publique, tuant environ 50 000 personnes par année. Cependant, dans les pays développés, l’introduction d’un vaccin dans les années 1950 a presque éradiqué cette maladie. Les cas de tétanos qui surviennent se produisent souvent chez les personnes qui n’ont pas été vaccinées ou qui n’ont pas reçu de rappel antitétanique car la protection du vaccin diminue avec le temps. Le Canada n’a aujourd’hui que cinq cas en moyenne par an. De plus, alors que le taux de mortalité dans le monde est de 50 %, au Canada, 95 % des personnes infectées survivent. Depuis 1980, 5 personnes seulement sont décédées en raison du tétanos dans ce pays.
Causes
Les Clostridia sont des bactéries anaérobies, ce qui signifie qu’elles se développent mieux en l’absence d’oxygène. Elles vivent confortablement dans les intestins des mammifères. Elles peuvent produire des spores qui émergent dans les matières fécales des animaux. Ces spores se trouvent souvent dans le sol et peuvent survivre pendant des années.
Il suffit de se couper avec un objet souillé pour risquer d’introduire Clostridium tetanidans la plaie. Les bactéries ne sont cependant vraiment dangereuses que si elles se trouvent dans un tissu sans apport suffisant en oxygène. Les plaies causées par un « écrasement » et les piqûres profondes sont les plus exposés à de telles infections, mais les sites les plus vulnérables de tous sont les brûlures, les plaies chirurgicales et les piqûres avec des aiguilles souillées. En Amérique du Nord, la plupart des cas de tétanos surviennent chez des sujets âgés à la suite d’une opération chirurgicale et chez les utilisateurs de drogue intraveineuse.
Il existe également des cas occasionnels de tétanos imputés à l’accouchement. L’infection peut se développer dans l’utérus maternel et par la suite dans le moignon du cordon ombilical du bébé.
Les bactéries produisent une toxine nerveuse au fur et à mesure qu’elles se développent. Comme dans le botulisme, c’est la toxine et non les bactéries elles-mêmes qui provoque les dégâts. Le poison se fixe sur les racines nerveuses qui normalement servent à calmer les muscles, causant des spasmes et une rigidité.
Symptômes et Complications
Les symptômes peuvent apparaître n’importe où entre deux jours et six semaines après l’infection de la plaie, mais la période typique d’incubation est de 5 à 10 jours.
Les symptômes initiaux sont les suivants :
une raideur de la mâchoire et de la nuque
une raideur des bras et des jambes
une légère fièvre
des frissons
l’irritabilité
une agitation
des céphalées
des maux de gorge
une difficulté de déglutition
Rapidement, les symptômes évoluent vers le tétanos classique :
une difficulté d’ouverture des mâchoires – le tétanos est parfois appelé trismus
des spasmes musculaires dans le dos, la nuque ou l’abdomen
Les sujets atteints de tétanos présentent souvent un regard fixe avec un sourire tendu, figé et des sourcils arqués. Souvent, ils ont des spasmes douloureux généralisés dès la moindre perturbation comme l’effleurement de leur oreiller. Ils peuvent transpirer abondamment durant ces spasmes. Ils peuvent être incapables de parler à cause de spasmes dans le thorax ou la gorge – lesquels peuvent aussi rendre la respiration difficile. La rigidité de la vessie et des intestins peut causer une rétention d’urine et une constipation.
Le pouls est rapide mais la fièvre est rarement très élevée. Les tétaniques sont en général mentalement actifs, mais peuvent entrer d’une façon imprévisible dans le coma. Des lèvres ou lits de l’ongle bleus sont un signe de dépression respiratoire indiquant une insuffisance d’oxygène ou un excès de gaz carbonique dans le sang.
Parfois, le visage n’est pas affecté et les spasmes sont limités aux muscles à proximité de la plaie. Dans de tels cas, les sujets ont une meilleure chance de se rétablir complètement.
Diagnostic
Les bactéries ne peuvent pas toujours être détectées dans la plaie, mais l’association spécifique des symptômes constitue généralement une image claire du tétanos. La méningite et l’encéphalite (infections du cerveau) peuvent causer des spasmes et une rigidité similaires, mais font habituellement intervenir les autres sens comme l’audition tandis que le tétanos ne le fait pas. Le prélèvement d’un échantillon de liquide céphalorachidien (LCR) permet au médecin d’éliminer ces maladies.
Traitement et Prévention
Des antibiotiques sont administrés aux patients atteints de tétanos, mais leur action est trop lente pour jouer un rôle majeur dans la lutte contre la maladie. Le plus important est de prévenir les symptômes avant qu’ils ne constituent une menace de mort.
La première étape du traitement consiste à gérer les conséquences potentiellement fatales.
La menace la plus importante concerne la respiration. L’intubation avec ventilation assistée peut être nécessaire pour assurer la respiration des patients atteints de tétanos. Cela peut impliquer une trachéotomie, dans laquelle un tube est inséré directement à travers un trou percé dans la gorge.
Le second problème est la déglutition. Généralement, les patients atteints de tétanos sont nourris par voie intraveineuse ou par une sonde nasale. Un cathéter (une sonde) peut aussi être inséré dans la vessie pour évacuer son contenu et on prend des mesures similaires en cas de constipation.
La deuxième étape du traitement consiste à gérer la rigidité musculaire et les spasmes. Des médicaments tels que les benzodiazépines et les barbituriques sont administrés pour réduire les spasmes musculaires.
La troisième étape du traitement consiste à gérer l’infection bactérienne tétanique. Étant donné que les conséquences du tétanos sont dues à une toxine produite par la bactérie, le patient reçoit une injection d’antitoxine. Cette antitoxine est une préparation d’anticorps qui intervient sur toute toxine restante et l’empêche de se lier aux cellules nerveuses.
Des antibiotiques sont utilisés pour détruire la bactérie tétanique, la source de la toxine, mais ils agissent trop lentement pour constituer le seul traitement. S’il y a une plaie ouverte où se développe la bactérie tétanique, alors il faut la nettoyer chirurgicalement afin de retirer physiquement toute bactérie tétanique.
La quatrième étape du traitement consiste à immuniser le patient. Chez les patients qui développement le tétanos, la quantité de bactérie causant la maladie est trop petite pour qu’on ait recours à une intervention immunitaire efficace. Cela signifie que ces patients pourrait contracter le tétanos de nouveau. Tous les patients devraient donc recevoir le vaccin antitétanique dans le cadre de leur traitement.
Le tétanos est une maladie évitable grâce à la mise au point d’un vaccin.
Lors d’une consultation médicale pour une coupure susceptible d’être souillée ou infectée, le traitement préventif administré dépend du statut vaccinal du patient. Le vaccin tétanique fournit une bonne protection pour cinq ans. Puis son efficacité diminue lentement. Le fait d’avoir contracté la maladie une fois ne donne aucune immunité définitive contre le tétanos.
Les sujets ayant été vaccinés au cours des 10 dernières années n’ont besoin d’aucun traitement pour une plaie propre et mineure. Ceux ayant été vaccinés il y a plus de 10 ans reçoivent une dose de rappel de vaccin, qui consiste en une forme affaiblie de la toxine tétanique. Pour les plaies profondes ou souillées, les sujets qui ont eu leur dernier rappel de vaccin plus de 5 ans auparavant doivent recevoir un autre rappel de vaccin. Ceux n’ayant jamais été vaccinés ont besoin d’immunoglobuline antitétanique (un produit sanguin provenant d’une personne immunisée). Ils doivent aussi être vaccinés contre le tétanos.
De nos jours, les enfants sont normalement vaccinés à 2, 4 et 6 mois, puis encore à 18 mois et une autre fois aux alentours de l’âge de 5 ans. Le vaccin est appelé DCT, car il protège aussi contre la diphtérie et la coqueluche (toux coquelucheuse), en plus du tétanos. Une nouvelle injection d’un vaccin diphthérie-tétanos pour adulte est recommandée aux alentours de 15 ans. Les adultes doivent continuer à faire des rappels tous les 10 ans pour minimiser le risque de tétanos. Un autre vaccin utilisé dans certains pays, appelé Pentacel, protège contre la coqueluche, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et la HiB (Haemophilus influenzae de type B). Il est administré à l’âge de 2, 4, 6 et 18 mois. Un vaccin combiné (contre la coqueluche, la diphthérie, le tétanos et la poliomyélite) est administré à l’âge de 5 ans (4 à 6 ans) et un rappel contre le tétanos, la diphtérie et la poliomyélite est alors administré aux environs du quinzième anniversaire. Après cela, des rappels contre le tétanos et la diphtérie sont exigés tous les 10 ans afin d’assurer une protection continue.
Il est aussi possible de réduire le risque en désinfectant minutieusement toute plaie. Porter des protections aux genoux et aux coudes durant les sports susceptibles d’impliquer des contacts violents avec le sol peut également être utile. Éviter de marcher pieds nus en dehors de la maison. Cela aidera à prévenir l’infection si vous marchez accidentellement sur des objets pointus souillés.