L’inflammation des sinus de la face, les sinusites aiguës sont fréquentes, et leur traitement ne doit pas être négligé car leurs complications bien que rares peuvent être très graves, et d’autres part, une persistance de l’inflammation peut entraîner un passage à la chronicité.
UN PEU D’ANATOMIE
Les sinus de la face sont des cavités creusées dans l’os, au nombre de quatre. Les trois premiers forment trois paires :
Les sinus maxillaires sont situés au niveau des pommettes sous les yeux. Leur inflammation aiguë provoque certes des maux de tête, mais également des douleurs dentaires unilatérales pouvant évoquer une rage de dent ; ils sont le plus souvent en cause.
Les sinus frontaux sont situés au niveau du front. C’est leur inflammation qui provoque les plus violents maux de tête, le maximum de la crise se situant en fin de matinée autour de l’heure du déjeuner.
Les sinus ethmoïdaux, situés de chaque côté des yeux, au niveau de la racine du nez, sont rarement le siège d’une atteinte isolée chez l’adulte. Chez l’enfant, en revanche, I’ethmoïdite aiguë se traduit par un œdème unilatéral, très fébrile touchant la paupière supérieure. Son traitement nécessite l’hospitalisation de l’enfant étant donné le risque d’atteinte de l’œil et de méningite.
Quant au quatrième sinus, le sinus sphénoïdal, il se distingue par le fait qu’il est unique et médian, profond, sous la base du crâne. Son atteinte est heureusement exceptionnelle avec le risque d’atteinte du nerf optique, des nerfs moteurs de l’œil et plus grave, de méningite.
UN PEU DE PHYSIOLOGIE
Mais à quoi servent donc les sinus ? La réponse est un peu pragmatique : ils rendent la tête plus légère. En effet, une tête ayant le même volume faite d’un os compact serait impossible à soutenir par la musculature du rachis cervical, et quel contrepoids à chaque mouvement du corps !
Les sinus sont donc des petites cavités aériennes communiquant avec les fosses nasales par de fins orifices ou » ostium « . Pour que ces cavités ne servent pas de poubelle à toutes les impuretés qui traversent les fosses nasales, il existe un fin film de mucus rejeté par les cils des cellules qui tapissent les parois des sinus et forment un véritable tapis roulant. On comprend tout de suite le rôle néfaste des infections répétées qui vont à la longue détruire ce mouvement ciliaire, favorisant la stagnation des sécrétions purulentes et la pérennisation de l’infection et le passage à la chronicité. Schématiquement, tous les orifices ou ostium se rassemblent au même endroit des fosses nasales sous le cornet moyen.
LES SINUSITES AIGUËS
I. La sinusite maxillaire aiguë commune
Tout commence par un simple rhume qui va rapidement se compliquer.
Apparition d’une obstruction nasale avec douleurs à type de tension sous les yeux.
Cette douleur est accentuée par les mouvements de la tête (penchée en avant).
Il existe parfois des irradiations douloureuses au niveau des dents en rapport avec le sinus (molaires et dernières prémolaires).
Ces signes sont en rapport avec une rétention purulente aiguë bloquée dans le sinus dont l’ostium (l’orifice de sortie) n’est plus perméable. Ce qui explique qu’à ce stade, il n’existe que peu ou pas de mouchage purulent.
Le diagnostic est facile par le seul examen clinique et par l’examen à l’optique grossissante des fosses nasales montrant un peu de pus au niveau de l’orifice du sinus.
La radiographie ne fait que confirmer le diagnostic en montrant soit un niveau liquide, soit un sinus complètement opaque.
Le traitement est simple. Il faut drainer cette rétention purulente :
Médicalement
soit par décongestion de l’orifice par des gouttes nasales contenant un antiseptique et un vasoconstricteur, associées à des inhalations,
soit par des antibiotiques, en cas d’échec (prescrits sur une durée de dix jours), associés à des corticoides pendant sept jours.
Ce n’est qu’en cas d’échec de ce traitement médical qu’il faudra avoir recours à la ponction :
soit simple et unique sous anesthésie locale, au cabinet du médecin,
soit sous anesthésie générale, en clinique. Elle sera faite avec un plus gros trocart permettant l’examen du sinus avec une optique et la mise en place d’un drain par lequel des lavages seront faits à domicile par une infirmière 2 fois par jour et pendant une huitaine de jours.
La ponction permet un prélèvement du pus pour analyse dans ces cas rebelles.
II. La sinusite frontale aiguë
Elle est plus douloureuse, les céphalées (maux de tête) sont intenses, maximum en fin de matinée, frontales, la moindre pression du front est douloureuse. La fièvre est parfois présente. Le traitement associe toujours antibiotiques et corticoïdes aux petits soins de décongestion nasale. En effet, la sinusite frontale est toujours une atteinte sérieuse en raison de la proximité des méninges. La persistance de la céphalée et des signes d’obstruction du sinus, ce malgré un traitement de huit jours, doit faire pratiquer une ponction évacuatrice du sinus frontal.
LES SINUSITES CHRONIQUES
Il s’agit essentiellement d’une atteinte chronique d’un ou des sinus maxillaires, on parle parfois de pansinusite quant il existe une atteinte de tous les sinus de la face, mais il s’agit souvent d’une atteinte généralisée de toute la muqueuse des voies respiratoires supérieures comme au cours de l’allergie nasosinusienne ou de la polypose nasale.
I. L’atteinte chronique des sinus maxillaires peut être d’origine nasale.
Il s’agit alors le plus souvent d’une atteinte des deux sinus, avec souvent une muqueuse hypertrophique, essentiellement marquée par une obstruction nasale chronique et des poussées de suppuration plus ou moins fréquentes.
Un examen soigneux sous optique grossissante, couplé à une étude au scanner des fosses nasales et des sinus permettra de rechercher une cause :
maladie des orifices sinusiens
déviation de cloison nasale,
polypose nasale.
Le traitement chirurgical peut être nécessaire. Il bénéficie actuellement des techniques de microchirurgie endonasale (à l’intérieur du nez) conduite sous contrôle vidéoscopique sous optique.
II. Elle peut être également d’origine dentaire.
Les douleurs sont absentes en général ; l’atteinte est unilatérale, avec suppuration I fétide s’accompagnant de sensation d’odeur nauséabonde. Il s’agit d’une atteinte chronique avec fatigue chronique et parfois amaigrissement.
Le diagnostic repose sur l’examen endoscopique des fosses nasales qui va retrouver la présence d’écoulement purulent venant d’un sinus maxillaire.
Les radios sont indispensables montrant soit une opacité complète unilatérale de tout un sinus, soit l’opacité caractéristique de pâte dentaire (cliché radiologique » panoramique «
de toutes les arcades dentaires) dans un sinus faisant suspecter une sinusite mycosique lice à une infection par des champignons . Le panoramique dentaire est également très instructif, montrant une anomalie au niveau d’une des dents en regard du sinus (granulome, kyste, dépassement dentaire). Le traitement des sinusites d’origine dentaire est toujours chirurgical (en collaboration avec le chirurgien dentiste ou le stomatologiste).
CONCLUSION
En conclusion de ce survol rapide des sinusites, quelques points sont à souligner. Une sinusite peut devenir grave et son traitement doit être bien observé ; si les antibiotiques sont prescrits, ils le sont, le plus souvent, pour une dizaine de jours minimum. Les corticoides prescrits en curecourte n’ont pratiquement pas d’effet secondaire.
Le diagnostic des formes chroniques dont les signes révélateurs sont parfois trompeurs, a bénéficié de l’apport de l’endoscopie nasale et du scanner. Le traitement chirurgical également.