VIH ? SIDA ? Qu’ est-ce que ça veut dire ?
VIH désigne le Virus de l’Immunodéficience Humaine. Ce virus, lorsqu’il pénètre dans le corps, va infecter et détruire certaines cellules qui coordonnent l’immunité (défenses de l’organisme contre les microbes).
Lorsque ces cellules sont en nombre insuffisant, l’immunité n’est plus efficace. Des maladies graves dues à des microbes peuvent alors se développer. On appelle ces maladies « maladies opportunistes », parce qu’elles profitent de la disparition de l’immunité pour se développer. Lorsqu’une personne a une ou plusieurs maladies de ce type, on dit alors qu’elle a le sida (Syndrome d’Immuno Déficience Acquise)
Mais alors, quelle est La différence entre l’infection par le VIH et le sida ?
Quand une personne est contaminée par le VIH, son organisme n’est pas capable de l’éliminer. Elle est alors infectée par le VIH. Mais elle ne va pas se sentir malade tout de suite. Le VIH met en général plusieurs années avant de détruire les défenses immunitaires. On ne parle de sida que lorsqu’une personne souffre d’une maladie opportuniste.
Donc, un malade du sida a forcément une infection par le VIH, alors que toutes les personnes infectées par le VIH n’ont pas développé le sida. Les traitements actuels ont pour but de soigner le sida chez ceux qui l’ont déjà, mais aussi d’empêcher que l’infection par le VIH évolue vers le sida.
Etre séropositif, c’est la même chose ?
On sait qu’on est séropositif lorsqu’on a fait un test de dépistage. Ce test permet de rechercher des anticorps que l’organisme fabrique pour essayer de se protéger du VIH. Ils ne sont fabriqués qu’en présence du VIH . Donc, être séropositif veut dire qu’on est infecté par le VIH. Cela ne signifie pas forcément qu’on a déjà développé le sida.
Le VIH et le système immunitaire
Le système immunitaire est capable de repérer des éléments étrangers à notre organisme, comme les microbes (virus, bactérie, parasite) ou certaines cellules toxiques (on désigne tout ça sous le nom d’ « antigène »). Il est également capable de les reconnaître lorsqu’il les a déjà rencontrés ; c’est la mémoire immunitaire. C’est pourquoi il y a des maladies qu’on ne fait qu’une fois dans sa vie ; de la même façon, les vaccins permettent de créer une mémoire immunitaire contre des maladies graves que l’on n’a jamais attrapées.
Lorsque l’antigène est identifié, le système immunitaire va développer des défenses capables de le détruire. Ces défenses sont assurées par les globules blancs du sang.
Le système immunitaire est très perfectionné, et permet de lutter contre ces antigènes de plusieurs manières :
en fabriquant des anticorps (ce sont des protéines qui vont se coller sur l’antigène et le détruire) ; c’est le rôle des lymphocytes B.
en détruisant directement des bactéries (c’est le rôle des polynucléaires)
en détruisant des cellules infectées par un virus (c’est le rôle des lymphocytes CD8)
Pour que la réaction puisse avoir lieu, il faut qu’une autre cellule déclenche la réponse immunitaire la mieux adaptée à l’antigène. C’est le rôle des lymphocytes CD4 (qu’on appelle aussi lymphocytes T4). Si les lymphocytes CD4 ne font pas leur travail, la réponse immunitaire ne pourra pas avoir lieu. Or, ce sont eux qui sont détruits par le VIH . Ce qui explique que, quand ils viennent à manquer, le système immunitaire n’est plus capable de protéger l’organisme contre des microbes qui sont habituellement inoffensifs.
Comment fait le virus pour détruire les lymphocytes CD4 ?
Le VIH est capable de rentrer à l’intérieur d’un lymphocyte CD4 et d’y inclure son propre programme. En effet, chaque cellule, qu’il s’agisse d’un virus ou d’une cellule humaine, possède son propre programme, le code génétique (constitué d’ADN pour les cellules humaines, et d’ ARN pour le VIH), qui régule son fonctionnement.
Lorsque le VIH a introduit son programme dans celui du lymphocyte CD4, celui-ci va se mettre à travailler pour le virus. Il ne remplit plus ses missions au sein du système immunitaire, et consacre son activité à fabriquer des quantités importantes de VIH avant de mourir d’épuisement. Les nouveaux virus produits vont à leur tour aller infecter d’autres lymphocytes CD4 et les détruire.
Comment se fait-il alors que l’on ne soit pas rapidement malade ?
Pendant plusieurs années, l’organisme est capable de lutter contre l’infection par le VIH :
en détruisant une partie des virus produits avec des anticorps (les mêmes anticorps que l’on recherche lorsqu’on fait un test)
en fabriquant des quantités importantes de nouveaux lymphocytes CD4, pour remplacer ceux que le VIH a détruit.
On devient malade parce que les anticorps ne sont pas capables d’éliminer la totalité des virus présents, et parce que, au bout d’un certain temps (en moyenne 8 à 10 ans) le renouvellement des lymphocytes est de moins en moins important (l’organisme aussi s’épuise). Leur nombre devient insuffisant et le système immunitaire ne fonctionne plus correctement.
La transmission du VIH
1- Les conditions de transmission du virus
Le virus est présent dans tous les liquides biologiques de l’organisme des personnes atteintes. Il y a un risque de transmission du virus lorsqu’il y a un contact entre un liquide contaminant et une muqueuse ou une plaie ouverte.
1.1. Un liquide contaminant
Chez tous : dans le sang
Chez l’homme : dans le sperme, le liquide séminal (qui s’écoule au début de l’érection)
Chez la femme : dans les sécrétions vaginales, le lait maternel
Le virus peut se transmettre par ces liquides car ils contiennent une quantité et une concentration de virus importante. Les autres liquides du corps (salive, sueur, larmes, urine) ne sont pas contaminants car le virus est présent en quantité trop faible. Il n’y a donc aucun risque de transmission dans les activités de la vie quotidienne : embrasser, serrer la main, partager des objets (verres, vaisselle…) et dans les lieux publics (piscine, toilettes…).
1.2. Une porte d’entrée
Muqueuse (les muqueuses sont les membranes qui tapissent les parois internes des cavités naturelles de l’organisme : bouche, vagin, rectum, gland…)
Lors de rapports sexuels non protégés
1.3. Voie sanguine
Transmission en cas d’utilisation d’une seringue usagée pour une injection par voie intraveineuse.
Transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse et l’accouchement…
1.4. Voie cutanée
En cas de blessure avec un objet souillé de sang contaminé
2- La transmission
2.1. Contamination par voie sexuelle
Pénétration vaginale ou anale sans préservatif
Rapports oraux-génitaux
2.2. Contamination par voie sanguine
Partage de matériel d’injection
Tranfusion sanguine
2.3. Contamination de la mère à l’enfant
Transmission materno-foetale
Les modes de protection
Pour éviter la contamination par le VIH lors des rapports sexuels,l’utilisation des préservatifs est indispensable. Cette protection doit être maintenue tant qu’une relation stable et durable n’est pas engagée et que les deux partenaires n’ont pas fait chacun un test de dépistage. Une fois que l’abandon de l’utilisation du préservatif est possible et qu’il est décidé par un couple, le risque de contamination subsiste si des rapports sexuels ont lieu sans protection avec d’autres partenaires.
Le test de dépistage
Le test de dépistage permet de détecter la présence du virus du sida dans l’organisme. Y avoir recours constitue un acte volontaire et responsable.
Les traitements contre le VIH SIDA
Il n’existe aucun traitement pour guérir l’infection au VIH : une personne séropositive est séropositive à vie. Les différents traitements ont pour rôle de bloquer l’évolution du virus dans l’organisme et de maintenir l’équilibre entre la présence du virus dans le corps et le système de défense de l’organisme. Ces traitements ne sont pas anodins ; ils peuvent provoquer des effets secondaires lourds tels que nausée, diarrhée, grande fatigue… Le commencement d’un traitement est lié à l’état du système immunitaire infecté et est donc adapté à chaque personne. Les traitements doivent être réajustés régulièrement par un médecin en fonction de l’évolution de l’état du patient.
1- Les antiviraux
Il existe aujourd’hui deux familles de médicaments utilisés dans le traitements de l’infection à VIH. Leur différence réside principalement dans le fait qu’ils agissent à des stades différents de la reproduction du virus dans les cellules.
Les inhibiteurs de la transcriptase inverse (ITI)
Ces molécules interviennent dans la cellule pour entraver l’action d’une enzyme virale, la transcriptase inverse, et empêcher ainsi la transcription de l’ARN du virus en ADN viral qui parasite l’ADN de la cellule hôte. Ces produits ont été les premiers utilisés dans la lutte contre la multiplication du virus dans l’organisme dès les années 80 (AZT) et le début des années 90 (ddI, ddC). La famille s’est agrandie, et l’on compte aujourd’hui près d’une dizaine d’inhibiteurs de la transcriptase inverse : AZT (Rétrovir®), ddI (Videx®), ddC (Hivid®), 3TC (Epivir®), d4T (Zérit®), AZT+3TC (Combivir®), névirapine (Viramune®), delavirdine (Rescriptor®), efavirenz (Sustiva®).
Les antiprotéases (AP)
En 1996, sont apparues sur le marché de nouvelles molécules agissant à un autre stade de la reproduction du VIH en s’attaquant à l’activité de la protéase, enzyme virale qui permet la maturation des nouveaux virus créés par la cellule infectée. Grâce à l’action des antiprotéases (qui sont jusqu’à 1000 fois plus puissantes que les inhibiteurs de la TI), la cellule produit des virions immatures incapables d’infecter de nouvelles cellules. ritonavir (Norvir®), indinavir (Crixivan®),saquinavir (Invirase® et Fortovase®), nelfinavir (Viracept®).
2- Les multithérapies
Les premiers médicaments n’étant pas suffisamment puissants individuellement, dès que cela été possible, les médecins ont commencé à prescrire des bithérapies, c’est à dire 2 inhibiteurs de la transcriptase inverse, permettant une action plus efficace sur l’activité du virus. A partir de 1996, c’est l’association d’une antiprotéase à deux ITI qui a donné naissance à ce qu’on appelle les trithérapies. On parle maintenant de multithérapie, car le nombre de molécules utilisées peut varier de 2 à 5. L’utilisation de plusieurs médicaments de plus en plus puissants est motivée par les capacités du virus à muter et créer des résistances face aux diverses molécules qui perdent alors de leur efficacité. En effet lors de la transcription de l’ARN viral en ADN, la transcriptase commet des erreurs créant ainsi des virus mutants, certaines mutations entraînant une baisse de la sensibilité du virus aux médicaments. Le virus se multipliant jusqu’à plusieurs milliards de fois dans l’organisme chaque jour, le rôle des multithérapies est notamment de réduire considérablement et si possible rapidement cette multiplication, limitant ainsi également les possibilités de mutation virale et les phénomènes de résistance.