Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent de l’homme aujourd’hui. Il touche surtout les hommes de plus de 50 ans.
La prostate est une glande située sous la vessie, autour du canal de l’urètre, c’est-à-dire le canal qui évacue l’urine, et devant le rectum.
Elle est une glande exocrine, c’est-à-dire que son rôle est de secréter des substances entrant dans la composition du sperme appelé liquide séminal.
Son bon fonctionnement tient à la présence nécessaire d’hormones mâles, en particulier la testostérone.
A l’arrière et en haut de la prostate se situent les vésicules séminales ainsi que les canaux permettant l’apport du sperme en provenance des testicules.
Lorsque la prostate est augmentée de volume ou indurée, il arrive que le canal de l’urètre qui la traverse puisse être comprimé et étiré ; de-même, la vessie, qui repose sur la prostate, puisse être irritée et provoquer ainsi des difficultés à uriner.
Epidémiologie
Le cancer de la prostate constitue la troisième cause de mortalité par cancer chez l’homme après les cancers bronchiques et les cancers colorectaux.
Les causes de ce cancer sont inconnues mais certains facteurs pré-disposants sont mis en cause, tels des facteurs génétiques, des facteurs hormonaux ou des facteurs liés à l’environnement (groupes ethniques, rôle de certains aliments…)
Anatomie pathologique
Le cancer de la prostate est presque toujours un adénocarcinome.
Cette tumeur se caractérise par son polymorphisme ; il s’agit souvent d’un nodule dur, à contours irréguliers et placé dans la partie périphérique de la prostate. L’adénocarcinome est généralement assez ressemblant aux tissus sains.
Symptômes
A un stade précoce, le cancer de la prostate est asymptomatique. Ce cancer est donc insidieux et c’est pourquoi il est souvent diagnostiqué à un stade tardif.
Il peut se manifester par :
des troubles urinaires (envies fréquentes d’uriner, difficulté d’uriner, sang dans les urines ou dans le sperme),
des douleurs osseuses,
une altération de l’état général (perte de poids ou d’appétit),
une rétention d’urines (blocage de l’uretère, c’est-à-dire du long conduit excréteur du rein amenant l’urine à la vessie).
Dépistage
Le meilleur moyen de dépister tôt un cancer de la prostate est de s’assurer que le toucher rectal fait partie d’un examen médical de routine chez les hommes de plus de 50 ans. En effet, le toucher rectal permet si nécessaire la mise en œuvre d’examens complémentaires.
Ainsi, les tumeurs de la prostate peuvent être découvertes avant l’apparition de tout symptôme. Si la tumeur est cancéreuse, le traitement débutera avant que les cellules cancéreuses ne se répandent ailleurs dans l’organisme.
L’analyse du PSA (antigène prostatique spécifique) sérique a démontré sa valeur dans le dépistage du cancer de la prostate à condition qu’il soit associé à l’examen du toucher rectal.
Qu’est ce que le test PSA ?
Il s’agit d’un test sanguin qui mesure une substance produite par la prostate appelée antigène prostatique spécifique (PSA).
Cependant, il faut noter qu’un taux élevé de PSA signifie généralement que le patient a un problème avec la prostate mais ne signifie pas forcément présence d’un cancer.
Diagnostic
Il semble donc aujourd’hui démontré que pour diagnostiquer un cancer précoce de la prostate, il faut que soient associés :
une induration au toucher rectal
un taux de PSA supérieur à la normale.
En cas de suspicion d’un cancer prostatique, l’échographie est un excellent moyen de démontrer l’existence ou non de lésions hétérogènes ou hypo-échogènes.
L’échographie est alors réalisée par voie transrectale.
Enfin, pour affirmer l’existence d’un cancer, il est nécessaire d’avoir recours à l’histologie, c’est-à-dire à l’étude de prélèvements de tissu prostatique par biopsie.
La méthode consiste à pratiquer une biopsie trans-rectale sous contrôle échographique ; cette méthode est indolore et peut être réalisée en consultation externe.
La ponction par aiguille automatique est faite directement dans le nodule localisé sur l’échographie ou bien si c’est nécessaire, plusieurs ponctions peuvent être pratiquées dans la prostate.
Bilan d’extension de la maladie
Selon les cas, un bilan complémentaire doit être réalisé afin de connaître l’étendue précise de la maladie. On parle alors de stadification.
En effet, le choix du traitement, une fois le cancer détecté, dépend beaucoup de son stade c’est-à-dire de son degré d’extension.
Ainsi, un classement précis de l’évolution du cancer de la prostate est essentiel.
Des examens complémentaires, outre le dosage des marqueurs biologiques, sont alors nécessaires pour établir cette stadification :
l’étude des voies urinaires par échographie,
’urographie intraveineuse,
un scanner abdomino-pelvien afin d’examiner l’état des organes pelviens et les ganglions,
une scintigraphie osseuse qui étudie le squelette osseux.
Traitements
Le choix du traitement dépend généralement :
de l’âge du patient,
de son état de santé général,
du bilan d’extension,
de l’agressivité biologique de sa maladie.
Il est utile de noter que parfois une abstention thérapeutique peut être justifiée en cas de découverte fortuite d’une maladie peu agressive chez un patient âgé ou en mauvaise santé.
En effet, dans ces cas-là, un traitement peut s’avérer plus nocif que bénéfique. Reste que le patient demeure alors sous surveillance dans l’hypothèse où une aggravation de la maladie nécessiterait finalement l’utilisation d’un traitement actif.
Les différents traitements contre le cancer de la prostate sont les suivants :
1. La prostatectomie totale
Elle est la référence en matière de traitement localisé du cancer de la prostate.
Elle consiste à enlever en bloc la prostate et les vésicules séminales.
Préalablement, cette intervention chirurgicale consiste en un curage ganglionnaire avec un examen extemporané, c’est-à-dire réalisé sur le champ révélant ou non la présence de métastases ganglionnaires.
Dans l’hypothèse d’un résultat positif de cet examen, la maladie est déjà à un stade avancé qui ne peut être guéri par un acte chirurgical local. Il est donc inutile de réaliser l’ablation de la prostate.
Les effets secondaires engendrés par cette opération peuvent être :
– un taux d’impuissance autour de 50%, 1 an après l’opération,
– un risque d’incontinence post-opératoire.
2. La résection trans-urétrale
Elle constitue un traitement palliatif des troubles mictionnels (relatifs à l’émission des urines) ou des saignements répétés ou abondants liés à l’évolution locale de la maladie.
En particulier, elle peut être préconisée dans les stades avancés mais ne constitue pas un traitement à elle seule ; elle doit être complétée d’un traitement approprié.
3. La radiothérapie
Elle est proposée aux patients atteints d’une maladie localisée ou qui ne peuvent pas subir d’opération chirurgicale.
Elle peut prendre 3 formes :
– la radiothérapie transcutanée : celle-ci ménage les organes voisins (le rectum, la vessie et l’intestin grêle) tout en permettant une irradiation avec des doses importantes (entre 65 et 70 Gy). L’irradiation a lieu généralement en 2 séries espacées de 3 semaines. La précision de la radiothérapie peut être aidée par un scanner et un système informatique appelé radiothérapie conformationnelle.
Les effets secondaires de ce type de traitement peuvent être des troubles intestinaux, des réactions cutanées, un risque de cystite, parfois des troubles d’impuissance.
– la curiethérapie consiste en l’irradiation de la prostate par des grains radioactifs implantés dans la glande.
– la radiothérapie post-opératoire adjuvante est proposée quand l’organe opéré révèle une extension de la maladie.
4. Le traitement hormonal
Le traitement hormonal du cancer de la prostate est basé sur la notion d’hormono-dépendance de la prostate. En effet, le cancer de la prostate est largement dépendant de l’hormone masculine appelée la testostérone.
Ce traitement n’est pas curatif. Il a une action palliative choisie lorsque le patient est âgé ou lorsque la maladie est déjà à un stade métastatique.
L’objectif essentiel de l’hormonothérapie est de ralentir la progression du cancer et d’accroître la survie du patient tout en lui maximisant sa qualité de vie.
Le traitement a pour but de s’opposer à l’action androgénique stimulante des cellules tumorales prostatiques.
Les options sont les suivantes :
– l’ablation chirurgicale des testicules afin de prévenir la fabrication de la testostérone ; on parle d’orchidectomie.
– l’utilisation de médicaments hormonaux actifs ( agonistes de la LH-RH ou oestrogènes ) afin de diminuer le niveau de la testostérone dans le sang,
– l’utilisation d’anti-androgènes pour supprimer l’action de l’hormone masculine appelée dihydrotestostérone (DHT).
5. La chimiothérapie
Parfois, le cancer de la prostate présente une résistance à l’hormonothérapie.
C’est pourquoi il s’est avéré indispensable de développer des traitements par chimiothérapie combinant des agents cytotoxiques (c’est-à-dire destructeurs de cellules) efficaces sur les cellules tumorales hormono-résistantes.
Les résultats sont encore en cours d’évaluation.
Le traitement hormonal reste donc le traitement de référence pour soigner le cancer de la prostate.